Les habitants du beau royaume de Cochenille sont tristes et maussades. La vie de leur pays est devenue difficile, et même intenable depuis que l’ogre Bric-à-Brac s’est installé dans la montagne. Un ogre doublé d’un brigand qui pille, vole, détrousse les voyageurs, et bien entendu, mange les petits enfants chaque fois qu’il en a l’occasion. Vingt fois déjà, les gendarmes du roi ont voulu s’en emparer. Mais l’ogre – qui n’est ni plus gros, ni plus grand que ceux qui le poursuivent – possède une arme secrète : des bottes magiques qui lui permettent de faire des pas énormes et des bonds étonnants.
Pendant ce temps, une petite vieille s’en va trottinant vers la montagne. Dans la poche de son tablier, un tricot commencé. À son bras, un grand panier pour les champignons. Car la mère Nanette (c’est son nom) n’est pas riche et un plat de champignons, c’est un fameux régal ! Elle arrive sous les arbres, cueille ses premiers cèpes, pose le pied sur un tas de branches mortes et… Badaboum… Voilà qu’elle disparaît dans un grand trou ! C’est une trappe, préparée par l’ogre pour prendre plus facilement le gibier de la forêt. Impossible de se sortir toute seule d’une fosse si profonde. Mère Nanette fait plusieurs essais, puis se résigne et prend son tricot en attendant qu’on vienne la délivrer.
Voici la suite de l'histoire, imaginée par Noa et Paul.
FELICITATIONS à tous les deux
pour ce brillant travail !!
Et que découvre-t-il,
tout au fond de son piège, au lieu d’un bon sanglier, d’un jeune
chevreuil, d’un cerf élancé ou d’un enfant bien gras ?...
Une pauvre petite vieille, toute ridée et toute voûtée, avec de
longs cheveux blancs, relevés en chignon, cachés par un fichu. Elle
porte une grande jupe longue, rapiécée de partout et déchirée en
bas comme des haillons. Ses sabots en bois, tout abîmés, lui
donnent des ampoules aux pieds. Ses vêtements amples cachent une
silhouette fine, malingre, squelettique et rachitique. Elle possède
un visage, de forme ovale, lisse et osseux. D’un côté, ses mains
plissées et son front barré de rides font croire qu’elle est
centenaire, de l’autre, sa bouche, toujours souriante et ses yeux
étirés, vifs et perçants la rajeunissent. Son regard malicieux,
espiègle et pétillant montre qu’elle est curieuse, instruite et
savante. Elle chantonne du soir au matin et du matin au soir.
En apercevant le
visage de l’Ogre, elle dit : « Qui êtes-vous ?
Moi, je suis juste venue cueillir des champignons pour en faire une
bonne poêlée, ce soir…et je me suis retrouvée dans ce trou…
- Je suis un Ogre.
D’habitude, je mange les enfants. Tu n’en es pas une, mais c’est
peut-être bon une grand-mère. Je devrais pouvoir te croquer sans
problème, parce que tu es toute petite et sans défense…As-tu peur
de moi ?
- Oh non, s’il vous
plaît, ne me dévorez pas tout de suite. C’est bientôt la nuit.
Vous devez avoir froid pour dormir. J’ai tricoté un pull en laine,
toute douce, en vous attendant. Je vous l’offre. Acceptez-vous mon
cadeau ?
- Oh oui ! Comme
c’est gentil de ta part ! Je ne reçois jamais rien de
personne… Quel beau tricot ! » répond l’Ogre,
amadoué.
Mère Nanette lui
tend son vêtement qu’il se dépêche d’enfiler pour se
l’accaparer. Mais il ne sait pas que la laine du pull est magique…
et qu’elle a le pouvoir de faire se gratter celui qui le met.
Aussitôt que l’ogre l’a enfilé, cela le démange, comme s’il
avait été piqué par un essaim de trois cents frelons. Il gigote
dans tous les sens, si fort qu’il en perd ses moyens, ses nerfs et…
ses chaussures, ainsi que son équilibre. Il tombe dans la fosse et
il s’évanouit.
Mère Nanette a un
sourire malin et confiant. Elle grimpe sur le dos de l’Ogre, mais
ce n’est pas suffisant pour réussir à sortir du trou. Alors, elle
se remet à tricoter sans relâche : une paire de bottes noires,
cinq écharpes… Elle travaille vite, vite, grâce à sa pelote
magique qui ne se termine jamais… Avant que l’Ogre ne revienne à
lui, elle lance une de ses écharpes comme le lasso d’un cow-boy,
en visant une branche d’arbre, située à proximité. Comme elle
est très agile et très vive, elle réussit à la deuxième
tentative à l’atteindre. Elle l’enroule trois fois autour de la
branche, pour que ce soit bien solide et tire pour la tendre très
fort. En entendant l’Ogre se réveiller, elle se dépêche de
monter de nouveau sur son dos, de s’accrocher et de grimper à
l’écharpe. Elle parvient enfin à remonter à la surface et elle
se précipite dans la forêt. L’Ogre, ayant repris ses esprits, et
après beaucoup d’efforts, réussit lui aussi, à escalader le mur
de cette prison, en s’aidant comme elle, de l’écharpe qui lui
sert de corde. Il récupère ses bottes, sans se rendre compte que
Mère Nanette les a échangées contre celles qu’elle a tricotées.
Puis, il court le plus vite possible, mais, pour se déplacer, il est
mal à l’aise, un peu lourdaud. Alors qu’il veut sauter
par-dessus un rocher, ses bottes, qui ont perdu leur magie, le font
trébucher et chuter. Il reste un moment inconscient. Mère Nanette,
qui s’était cachée, en profite pour lui lier les pieds et les
mains avec les écharpes, qu’elle a emportées, afin de l’empêcher
de se sauver. Quand l’Ogre reprend connaissance, elle l’oblige à
avaler tout cru quelques champignons hallucinogènes pour qu’il
perde sa force et qu’il n’ait pas plus envie de la dévorer.
Mais, au lieu d’être malade, il se rappelle ses souvenirs
d’enfance, quand sa mère lui préparait de délicieux cèpes,
quand il était petit… Dans son délire, il donne des détails sur
sa maman qui ressemble étrangement …au portrait… de Mère
Nanette : une femme brave, courageuse, vaillante, leste et
prompte, qui chante tout le temps. En l’entendant parler, celle-ci
a un choc : et si l’Ogre était son fils qu’on lui a enlevé,
quand il avait dix ans ? Elle va vérifier s’il a bien la même
tache de naissance qu’elle, en forme de champignon, sur son cou.
Elle la reconnait aussitôt et comprend qu’il s’agit bien de son
enfant. Elle s’exclame : « Oh ! Fiston, j’ai cru
que tu étais mort ! J’ai dépensé tout mon argent pour te
rechercher ; j’ai même engagé un détective, mais rien n’a
abouti… Enfin, je te retrouve ! Quelle bonne surprise et
quelle joie pour moi qui pensais t’avoir perdu pour toujours ! »
Mère Nanette,
très émue, délivre son fils. Aussitôt, tous les deux tombent dans
les bras l’un de l’autre.
L’Ogre
Bric-à-Brac décide alors de changer, d’être à nouveau gentil,
d’écouter sa maman et de retourner vivre dans le royaume avec
elle. Il lui donne toutes ses richesses pour qu’elle ne soit plus
dans la misère et qu’elle puisse réparer sa vieille chaumière en
ruine. C’est promis, Bric-à-Brac ne fera plus jamais de mal à
personne ! Il devient cueilleur de champignons. Mère Nanette
lui indique les meilleures taches et elle décide de reprendre son
ancien métier de cuisinière, afin de nourrir le roi, ainsi que tout
le village et de leur préparer de bons petits plats, à base de
champignons.
Les habitants de
Cochenille sont de nouveau heureux, gais, joyeux et vivent en paix.
La vie de leur pays est redevenue comme avant : facile et
agréable !
Noa et
Paul
Que pensez-vous de leur travail ? Laissez des commentaires !!
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