jeudi 16 février 2017

L'ogre Bric-à-Brac et mère Nanette

Pour leur deuxième DM Duo, les élèves de 6e devaient imaginer la suite de l'histoire de l'ogre Bric-à-Brac :

Les habitants du beau royaume de Cochenille sont tristes et maussades. La vie de leur pays est devenue difficile, et même intenable depuis que l’ogre Bric-à-Brac s’est installé dans la montagne. Un ogre doublé d’un brigand qui pille, vole, détrousse les voyageurs, et bien entendu, mange les petits enfants chaque fois qu’il en a l’occasion. Vingt fois déjà, les gendarmes du roi ont voulu s’en emparer. Mais l’ogre – qui n’est ni plus gros, ni plus grand que ceux qui le poursuivent – possède une arme secrète : des bottes magiques qui lui permettent de faire des pas énormes et des bonds étonnants.

Pendant ce temps, une petite vieille s’en va trottinant vers la montagne. Dans la poche de son tablier, un tricot commencé. À son bras, un grand panier pour les champignons. Car la mère Nanette (c’est son nom) n’est pas riche et un plat de champignons, c’est un fameux régal ! Elle arrive sous les arbres, cueille ses premiers cèpes, pose le pied sur un tas de branches mortes et… Badaboum… Voilà qu’elle disparaît dans un grand trou ! C’est une trappe, préparée par l’ogre pour prendre plus facilement le gibier de la forêt. Impossible de se sortir toute seule d’une fosse si profonde. Mère Nanette fait plusieurs essais, puis se résigne et prend son tricot en attendant qu’on vienne la délivrer.


Voici la suite de l'histoire, imaginée par Noa et Paul.

FELICITATIONS à tous les deux 
pour ce brillant travail !!

Après de longues heures d’attente, c’est le visage de l’ogre qui apparaît au-dessus du trou.
Et que découvre-t-il, tout au fond de son piège, au lieu d’un bon sanglier, d’un jeune chevreuil, d’un cerf élancé ou d’un enfant bien gras ?... Une pauvre petite vieille, toute ridée et toute voûtée, avec de longs cheveux blancs, relevés en chignon, cachés par un fichu. Elle porte une grande jupe longue, rapiécée de partout et déchirée en bas comme des haillons. Ses sabots en bois, tout abîmés, lui donnent des ampoules aux pieds. Ses vêtements amples cachent une silhouette fine, malingre, squelettique et rachitique. Elle possède un visage, de forme ovale, lisse et osseux. D’un côté, ses mains plissées et son front barré de rides font croire qu’elle est centenaire, de l’autre, sa bouche, toujours souriante et ses yeux étirés, vifs et perçants la rajeunissent. Son regard malicieux, espiègle et pétillant montre qu’elle est curieuse, instruite et savante. Elle chantonne du soir au matin et du matin au soir.
En apercevant le visage de l’Ogre, elle dit : « Qui êtes-vous ? Moi, je suis juste venue cueillir des champignons pour en faire une bonne poêlée, ce soir…et je me suis retrouvée dans ce trou…
- Je suis un Ogre. D’habitude, je mange les enfants. Tu n’en es pas une, mais c’est peut-être bon une grand-mère. Je devrais pouvoir te croquer sans problème, parce que tu es toute petite et sans défense…As-tu peur de moi ?
- Oh non, s’il vous plaît, ne me dévorez pas tout de suite. C’est bientôt la nuit. Vous devez avoir froid pour dormir. J’ai tricoté un pull en laine, toute douce, en vous attendant. Je vous l’offre. Acceptez-vous mon cadeau ?
- Oh oui ! Comme c’est gentil de ta part ! Je ne reçois jamais rien de personne… Quel beau tricot ! » répond l’Ogre, amadoué.
Mère Nanette lui tend son vêtement qu’il se dépêche d’enfiler pour se l’accaparer. Mais il ne sait pas que la laine du pull est magique… et qu’elle a le pouvoir de faire se gratter celui qui le met. Aussitôt que l’ogre l’a enfilé, cela le démange, comme s’il avait été piqué par un essaim de trois cents frelons. Il gigote dans tous les sens, si fort qu’il en perd ses moyens, ses nerfs et… ses chaussures, ainsi que son équilibre. Il tombe dans la fosse et il s’évanouit. 
 
Mère Nanette a un sourire malin et confiant. Elle grimpe sur le dos de l’Ogre, mais ce n’est pas suffisant pour réussir à sortir du trou. Alors, elle se remet à tricoter sans relâche : une paire de bottes noires, cinq écharpes… Elle travaille vite, vite, grâce à sa pelote magique qui ne se termine jamais… Avant que l’Ogre ne revienne à lui, elle lance une de ses écharpes comme le lasso d’un cow-boy, en visant une branche d’arbre, située à proximité. Comme elle est très agile et très vive, elle réussit à la deuxième tentative à l’atteindre. Elle l’enroule trois fois autour de la branche, pour que ce soit bien solide et tire pour la tendre très fort. En entendant l’Ogre se réveiller, elle se dépêche de monter de nouveau sur son dos, de s’accrocher et de grimper à l’écharpe. Elle parvient enfin à remonter à la surface et elle se précipite dans la forêt. L’Ogre, ayant repris ses esprits, et après beaucoup d’efforts, réussit lui aussi, à escalader le mur de cette prison, en s’aidant comme elle, de l’écharpe qui lui sert de corde. Il récupère ses bottes, sans se rendre compte que Mère Nanette les a échangées contre celles qu’elle a tricotées. Puis, il court le plus vite possible, mais, pour se déplacer, il est mal à l’aise, un peu lourdaud. Alors qu’il veut sauter par-dessus un rocher, ses bottes, qui ont perdu leur magie, le font trébucher et chuter. Il reste un moment inconscient. Mère Nanette, qui s’était cachée, en profite pour lui lier les pieds et les mains avec les écharpes, qu’elle a emportées, afin de l’empêcher de se sauver. Quand l’Ogre reprend connaissance, elle l’oblige à avaler tout cru quelques champignons hallucinogènes pour qu’il perde sa force et qu’il n’ait pas plus envie de la dévorer. Mais, au lieu d’être malade, il se rappelle ses souvenirs d’enfance, quand sa mère lui préparait de délicieux cèpes, quand il était petit… Dans son délire, il donne des détails sur sa maman qui ressemble étrangement …au portrait… de Mère Nanette : une femme brave, courageuse, vaillante, leste et prompte, qui chante tout le temps. En l’entendant parler, celle-ci a un choc : et si l’Ogre était son fils qu’on lui a enlevé, quand il avait dix ans ? Elle va vérifier s’il a bien la même tache de naissance qu’elle, en forme de champignon, sur son cou. Elle la reconnait aussitôt et comprend qu’il s’agit bien de son enfant. Elle s’exclame : « Oh ! Fiston, j’ai cru que tu étais mort ! J’ai dépensé tout mon argent pour te rechercher ; j’ai même engagé un détective, mais rien n’a abouti… Enfin, je te retrouve ! Quelle bonne surprise et quelle joie pour moi qui pensais t’avoir perdu pour toujours ! »
Mère Nanette, très émue, délivre son fils. Aussitôt, tous les deux tombent dans les bras l’un de l’autre. 
 
L’Ogre Bric-à-Brac décide alors de changer, d’être à nouveau gentil, d’écouter sa maman et de retourner vivre dans le royaume avec elle. Il lui donne toutes ses richesses pour qu’elle ne soit plus dans la misère et qu’elle puisse réparer sa vieille chaumière en ruine. C’est promis, Bric-à-Brac ne fera plus jamais de mal à personne ! Il devient cueilleur de champignons. Mère Nanette lui indique les meilleures taches et elle décide de reprendre son ancien métier de cuisinière, afin de nourrir le roi, ainsi que tout le village et de leur préparer de bons petits plats, à base de champignons.
Les habitants de Cochenille sont de nouveau heureux, gais, joyeux et vivent en paix. La vie de leur pays est redevenue comme avant : facile et agréable !

Noa et Paul



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